TÉMOIGNAGE D’ULRICH GÉNISSON : 10 ANNÉES EN RÉGIME CÉTOGÈNE ET 34 KG EN MOINS

Dix années se sont déjà écoulées depuis que j’ai découvert le régime cétogène en 2013. Dix ans ce n’est pas rien dans une vie, c’est vraiment « une grosse tranche cétogène » de mon existence. En 2013, à l’âge de 35 ans, ma vie prend un virage décisif vers « le mode de vie Keto ». Aujourd’hui en 2023, à 45 ans, je partage avec vous mon bilan et surtout, je réponds aux questions que vous m’avez posées sur toute mon expérience.

Pour ce témoignage de 10 années en régime cétogène, il fallait faire différent de mes précédents témoignages. Alors au lieu de répéter ce que j’ai déjà publié, et que vous pourrez retrouver sur notre site à 18 mois en 2015, 3 ans en 2016 et 5 ans en 2018, j’ai fait le choix de laisser la parole aux lecteurs de notre site en leur offrant l’opportunité de me poser directement leurs questions.

Pour commencer, il me semble utile que je fasse moi-même un petit bilan récapitulatif de cette décennie en cétose nutritionnelle.

Au début de l’année 2013, je suis gras, je pèse 105 kg pour 188 cm. J’ai un début d’hypertension, des migraines régulières, une glycémie déjà trop haute le matin, je rencontre des problèmes de fluctuation d’énergie dans mes journées et globalement cela commence vraiment à se dégrader. Voici en image à quoi ressemble ce désastre.

Cette année-là, je découvre le régime cétogène et la cétose nutritionnelle grâce à la lecture de l’ouvrage du Dr Atkins, réécrit et actualisé par le trio des Drs Volek, Phinney et Westman. C’est cet ouvrage qui m’a initié au sujet et m’a donné l’envie de tout apprendre. Et c’est ce que j’ai fait par la suite grâce à des centaines de livres, et des milliers d’études scientifiques acquises depuis 10 ans, directement liées à la cétose nutritionnelle ou indirectement comme sur les micronutriments ou le mode de vie plus globalement.

Mes premières années en régime cétogène m’ont permis d’abord de perdre massivement du poids, (avec rapidement -33 kg), de retrouver une tension de jeune homme. Les quelques migraines que je connaissais occasionnellement ont alors disparu et surtout la douleur que j’avais au poignet gauche suite à un accident en 1997 disparaît elle-aussi totalement en moins d’un an. Voici à quoi je ressemble en 2015 avec ces 33kg en moins sur la balance, facilement, sans frustration, simplement en mangeant peu de glucides et plus de lipides… Ce que j’ai résumé de façon humoristique dans l’émission de TF1 50 minutes inside venue à ma rencontre en : « garder l’huile des carottes en vinaigrette et supprimer les carottes ».

Mois après mois, je n’ai eu de cesse de travailler pour apprendre et comprendre tous les aspects du régime cétogène. Optimisation des apports de protéines, choix des formes de lipides, micronutriments et compléments alimentaires, j’ai passé un temps considérable pour maîtriser tous les aspects d’un choix alimentaire qui a radicalement changé ma vie.

En juillet 2015, avec Nelly, nous ouvrons EatFat2BeFit. D’abord, un simple blog pour partager notre expérience et les informations liées au régime cétogène, graduellement, il devient un véritable site internet. En 2017, nous publions notre premier livre « Le grand livre de l’alimentation cétogène » ; en 2018, nous ouvrons la Céto-Academy, la première formation en ligne au régime cétogène. Puis en 2022, nous publions notre second livre « Bonjour Keto ». Nelly a désormais publié plus de 400 recettes, et moi, j’ai publié des centaines d’articles ou leçons pour la Céto-Academy. Notre expérience est dorénavant reconnue et connue avec une intervention à l’académie de médecine de Paris ou un passage au JT de 20H de TF1.

Ces 10 années n’ont pas été de tout repos, il faut le reconnaître. Des voyages dans le monde entier, des athlètes professionnels à accompagner, une expatriation au Colorado aux USA en septembre 2020, tout en nous occupant de la gestion quotidienne d’EatFat2BeFit. Mais, quand nous regardons dans le rétroviseur, nous avons la satisfaction d’avoir donné le maximum de ce que nous pouvions faire et d’avoir partagé avec vous toutes les clés pour que vous puissiez réussir votre régime cétogène comme nous l’avons fait.

Aujourd’hui en 2023, à 45 ans, avec 71 kg pour 188 cm, 34 kg perdus, une santé parfaite et une condition physique qui me permet de pratiquer de nouveau le Motocross – la passion de ma vie – je suis simplement heureux de partager un peu avec vous, de ce qui n’a été rien d’autre que le changement le plus important de toute ma vie…

Mon bilan :

  • Âge : 45 ans
  • Taille : 188 cm
  • Poids : 71 kg
  • Durée du régime cétogène : 10 ans
  • Glycémie le matin : entre 65 mg/dL et 80 mg/dL
  • BHB (corps cétonique β-hydroxybutyrate) le matin : entre 0.4 mmol/L et 1,2 mmol/L
  • Pression artérielle le matin : entre 11/6 et 12/7
  • Fréquence cardiaque au repos : 44
  • Durée du sommeil (moyenne sur 4 ans) : 9 h
  • Durée du sommeil profond (moyenne sur 4 ans) : 2 h 30
  • Quantité de glucides par jour : de 0 à 50 g nets (moyenne en dessous de 20 g nets/jour)
  • Quantité de protéines par jour : 200 à 250 g
  • Quantité de lipides par jour : 80 à 300 g

Avec les années, la cétose nutritionnelle se stabilise à un niveau bas, ce qui est normal. Même en cas de jeûne sec prolongé, elle ne dépasse plus les 1,2 mmol/L.

Malgré une consommation de sel (chlorure de sodium) de 12 g par jour en moyenne, aucune hypertension

Vos questions et mes réponses : je vous laisse la parole tout en répondant à vos questions :

En septembre 2022, je vous ai donné l’opportunité de me poser toutes vos questions sur mes 10 ans en régime cétogène. Elles ont été nombreuses, j’ai dû les trier et parfois les rassembler pour en faire une synthèse et rester raisonnable sur la longueur de ce témoignage. J’espère avec ces réponses – fruit de 10 années de vie en mode Keto – que vous garderez à l’esprit que le régime cétogène est simple, facile, durable, universel et n’est rien d’autre que du bon sens… Avec un peu d’apprentissage et un peu de volonté, vous arriverez au même résultat que le mien !

Josiane souhaite savoir quelles sont les différences dans mes assiettes cétogènes, entre mes débuts en 2013 et aujourd’hui en 2023

Ulrich : Bien entendu, en 10 années de régime cétogène, mes assiettes ont pu évoluer au fil de mes découvertes tout en s’ajustant à mes objectifs successifs. D’abord, une perte de poids importante, avec 33 kg perdus d’une traite puis une stabilisation. Ensuite, un enrichissement permanent en micronutriments à la recherche de l’assiette parfaite à la densité nutritionnelle la plus grande. Du côté des macronutriments, en 2013 la science du régime cétogène nous orientait plutôt vers un ratio cétogène élevé (beaucoup de lipides et très peu de protéines / glucides). Avec les années, de multiples études ont pu mettre en évidence que les protéines n’étaient pas l’ennemi de la cétose nutritionnelle, au contraire. Ainsi, si maintenir la quantité de glucides nets au plus bas reste la base élémentaire d’un régime cétogène bien formulé, le temps et l’expérience nous ont enseigné que les protéines sont un allié précieux pour de nombreux objectifs.

Avec les années, j’ai développé une véritable passion pour la nutrition et en particulier des micronutriments. Les identifier et comprendre leurs rôles, trouver les bons niveaux d’apports et savoir les dénicher dans nos aliments est une véritable chasse au trésor. De fait, mon assiette ne cesse d’évoluer en quête du parfait équilibre, de l’assiette parfaite qui couvre tous mes besoins.

Christian me demande quel est le plus grand bienfait que j’ai pu retirer à titre personnel du régime cétogène

Ulrich : C’est difficile de n’en choisir qu’un seul… Perdre 34 kg très facilement alors que j’ai toujours eu à batailler avec le poids avant 2013, est franchement une sorte de renouveau dans une vie. Bien entendu, sur un second plan, tout ce qui accompagne la perte de poids comme des migraines qui disparaissent, un système immunitaire au top qui m’offre l’expérience de ne plus jamais être malade, ou des niveaux d’énergie totalement stables sont des bienfaits très agréables. Ma dernière grippe, mon dernier rhume hivernal remontent à 2013… Même si quand j’explique qu’avec un régime cétogène bien formulé, on ne tombe plus malade l’hiver, personne ou presque ne me croit, mais chaque personne qui en a fait l’expérience le sait. C’est un confort et une résilience très appréciables. On ne peut pas réellement imaginer que l’on vit dans un mode « dégradé » quand on mange beaucoup de glucides. Il faut vivre cétogène pour vraiment le ressentir et exploiter son plein potentiel.  

Mais si je ne dois choisir qu’un seul bienfait, je parlerai de mon poignet gauche. En 1997, suite à une chute en Motocross à l’entraînement sur le circuit de Chevrainvilliers (77), je me fracture le bras gauche. Une double fracture ouverte du radius et du cubitus qui nécessitera 2 plaques en titane et 12 vis (qui sont d’ailleurs toujours en place après l’échec du retrait du matériel en 2003). En plus de ça, je me fracture le scaphoïde (pour la seconde fois celui-là), ainsi que le semi-lunaire. Mais, plus grave, je me sectionne les ligaments qui relient ces os du poignet. Comme je suis opéré en urgence (il y avait une hémorragie), on pare au plus pressant. Malheureusement, après quatre opérations, une greffe, une vis dans le scaphoïde, la mobilité du poignet gauche est définitivement perdue. Le Pr Christophe Mathoulin à la clinique Jouvenet de Paris qui m’a opéré 2 fois, m’a expliqué que dans cette situation, la fenêtre d’intervention pour faire quelque chose pour les ligaments n’est que de 48 h… C’était donc terminé pour moi. J’ai perdu 80 % de la mobilité et 80 % de la force dans ma main gauche. En 1998, après plusieurs tentatives infructueuses, je mis un terme à ma carrière de pilote de Motocross… C’était terminé pour moi et je devais dire adieu à la passion de ma vie.

De 1997 à 2013, je dois de ce fait vivre avec un poignet en piteux état, une mobilité très réduite et surtout une douleur permanente 365 jours par an. Concrètement, le Motocross est impossible, ne serait-ce que faire une sortie en vélo de 2 h est très douloureux pour moi, le VTT est presque impossible.

Le Pr Mathoulin, m’ayant expliqué à l’époque, que progressivement cela allait se dégrader vers une arthrose chronique, des douleurs grandissantes, jusqu’au jour où elles deviendraient insupportables avec la destruction de l’articulation. Il faudrait alors effectuer un blocage total de l’articulation (appelé arthrodèse en quatre coins) ou une résection des os de la première rangée du carpe, c’est-à-dire un retrait chirurgical de la première rangé des os du carpe. Quel que soit le choix, la suite n’est pas joyeuse… Pour ceux qui connaissent, c’est l’intervention que Ricky Johnson a dû subir fin 2022, avec le même traumatisme que moi à l’origine. Je développe donc avec ces 16 années de douleur, un poignet SLAC (Scapholunate Advanced Collapse), un syndrome bien connu des orthopédistes spécialisés sur le poignet et malheureusement irréversible…

Puis, en 2013 je découvre le régime cétogène. À cette époque-là, je ne faisais même plus attention à la douleur de mon poignet gauche, puisqu’elle était permanente. Ensuite, au bout de 9 à 12 mois de cétose et de pratique du régime cétogène, je me surprends à voir cette douleur constante disparaître par intermittence. Plus le temps passe et plus les phases sans douleur apparaissent. Je commence donc à effectuer des recherches spécifiques pour expliquer ce phénomène pour finalement comprendre (de façon simplifiée), que le régime occidental riche en glucides est pro-inflammatoire et que le régime cétogène bien formulé comme je m’obstine à le suivre depuis le début est exactement l’inverse, c’est-à-dire anti-inflammatoire. Mes tissus articulaires étaient en train de se reconstruire, m’éloignant de l’arthrose et de la destruction de l’articulation que l’on m’avait promise. Ce processus n’a pas remplacé les ligaments manquants, mais a supprimé la douleur et la dégradation de l’articulation (cartilage) ! Dans une étude très récente de 2022, le processus est expliqué grâce à un marqueur clé de l’arthrose, qui est l’inflammasome NLRP3. Ce complexe protéique est impliqué dans une variété de réponses inflammatoires et a été identifié pour favoriser la libération de cytokines inflammatoires dans l’arthrose. Le régime cétogène (la cétose), atténue la réponse inflammatoire de l’arthrose, en particulier en réduisant l’inflammasome NLRP3.

En 2015, j’en ai fini avec ces années de douleur chronique et comme une évidence, l’envie de reprendre le Motocross revient immédiatement… Avec le temps, j’ai pu mettre au point un protocole nutritionnel et micronutritionnel très complet pour optimiser la reconstruction de ces tissus, peu ou pas vascularisés. Notamment en activant des cellules souches. Pour pouvoir aider à reproduire ce que j’ai pu obtenir pour moi, j’espère avoir l’occasion dans un avenir proche de publier mon premier article dans une revue à comité de lecture.

Je suis donc heureux de témoigner de ce cheminement qui me permet aujourd’hui de pratiquer de nouveau la passion de ma vie, le Motocross ! Mon poignet gauche n’est plus douloureux, je ne pourrai bien entendu jamais retrouver la mobilité perdue, mais ma main gauche a pu retrouver 90 % de la force de la main droite, ce qui était normalement impossible…

Magalie souhaiterait savoir si en plus de ma perte de poids, j’ai pu obtenir un bonus auquel je ne m’attendais pas

Ulrich :  Comme je l’ai détaillé précédemment, la disparition de ma douleur chronique au poignet gauche est un véritable bonus que je n’espérais même pas. Ensuite, on pourrait en citer d’autres comme la fin des caries dentaires. C’est vraiment agréable de ne plus redouter sa visite annuelle chez le dentiste, puis avec le temps de ne même plus avoir besoin d’aller chez le dentiste… Ceux qui ont lu Weston Price, savent que c’est le régime occidental riche en glucides et pauvre en micronutriments qui offre 90 % du chiffre d’affaires des dentistes aujourd’hui. Mais « chut ! » il ne faut pas le dire, le business est juteux ! Tellement juteux, que l’industrie du sucre s’est associée à l’industrie du soin dentaire pour que le vrai coupable ne soit pas identifié et que le business continue. Continuez à manger des glucides et à être carencés en minéraux et vitamines, les dentistes vous adorent !

Sylvain me demande si je continue d’expérimenter ou si je me cantonne à la même routine depuis des années ? Et, si oui, est-ce que j’ai tenté des expériences qui n’ont pas donné le résultat que je visais

Ulrich : J’étais déjà un expérimentateur dans l’âme avant le régime cétogène. Je n’ai jamais trop aimé les chemins balisés et dès que j’ai compris comment quelque chose fonctionne, je n’hésite pas à tracer mon propre chemin, avec ma propre expérience pour aller plus loin. Ce n’est que de cette manière que l’on découvre de nouvelles choses. Accepter les limites, c’est accepter de ne jamais pouvoir les dépasser. Ainsi, je n’arrête jamais d’expérimenter. Je dois avouer qu’en 10 ans, j’ai pu faire le tour du régime cétogène en tant que tel.

J’ai pu essayer tous les ingrédients possibles et imaginables, j’ai fait venir des choses du monde entier. Par exemple les corps cétoniques sous forme d’Esters, que j’ai pu tester dès 2017 alors qu’ils n’existaient que sous forme de prototypes très couteux. J’ai aussi pu tester tout le matériel disponible dès sa sortie, qu’il soit question des lecteurs sanguins, de corps cétoniques avec l’air expiré, j’ai eu une Oura Ring dès 2018, j’ai pu tester des moniteurs de sommeil, des lecteurs de lactate, bref, en tant que Geek, tous les nouveaux trucs sont passés entre mes mains. J’ai aussi pu tester des centaines de compléments alimentaires. Je l’ai fait pour moi afin de vérifier des choses en essayant une molécule puis en effectuant un test ou une mesure, et toutes ces expériences sont aussi devenues mon métier en apportant mon expertise auprès d’athlètes professionnels avec qui je travaille.

Je me suis intéressé aussi à quantité de méthodes, de thérapies comme toutes les formes d’hyperthermies grâce aux différents saunas, aux bains glacés, aux différentes méthodes de respiration comme la méthode de Wim Hof, ou celle de Buteyko, aux différentes techniques de luminothérapie LLLT sous différentes longueurs d’onde, aux caissons hyperbares HBOT. C’est sans fin comme terrain de jeu quand on cherche à optimiser sa santé, son sommeil, son taux métabolique et ses performances… Dans le lot, forcément, il y a eu des échecs, ils ont été nombreux même. Des molécules qui, par exemple, fonctionnent plutôt bien dans le cadre d’un régime riche en glucides et qui n’offrent plus aucun effet dans le contexte d’un régime cétogène. Ce sont des sujets fascinants, mais il faut toujours passer par « l’expérience » pour valider ou invalider ce qui « en théorie » devrait fonctionner.

Pour l’anecdote, j’ai été largement handicapé quand j’étais adolescent au niveau des tendons d’Achille. J’ai tout eu : les chaussures adaptées, les semelles orthopédiques, les antibiotiques, tout !  L’athlétisme et la course à pied m’étaient rendus impossibles… Avec le temps, j’ai pris ça pour quelque chose d’inévitable jusqu’à la fin de ma croissance. Puis je me suis remis à la course à pied avec le régime cétogène. J’ai aussi pu apprendre et comprendre que l’être humain n’était pas fait pour porter des chaussures. Ce qui m’a fait devenir un fervent défenseur de la foulée médio-pied chère à mon ami Solarberg Séhel et des Vibram FiveFingers. Mon premier Marathon en régime cétogène en 2016, sans ravitaillement, j’ai pu le terminer avec les chaussures aux mains sur les 16 derniers kilomètres. Cette épreuve terminée en chaussettes m’a confirmé que les chaussures ne servent à rien. On apprend de ses erreurs, mais maintenant depuis sept ans, je ne porte plus que de la chaussure minimaliste et des VFF pour la course à pied.

Et, au marathon de Jérusalem, j’ai pu de nouveau avoir la confirmation supplémentaire dont j’avais besoin :

Aurélien me dit : « ta veille scientifique dépasse largement le petit cercle du régime cétogène, bien qu’elle semble toujours axée sur la recherche d’une santé optimale. Quels sont aujourd’hui les sujets qui te passionnent ? »

Ulrich : Ce dont je suis certain, c’est que la vie ne m’offrira jamais assez de temps pour étudier tout ce qui me passionne. Dit autrement, en me focalisant sur un domaine, je dois me résoudre à renoncer à beaucoup d’autres, ce qui est très frustrant. Dire oui à l’étude d’un domaine, c’est dire non à des dizaines d’autres. Actuellement, j’ai précisément 39 veilles scientifiques. C’est-à-dire que concrètement, chaque vendredi, je dépouille la nouvelle littérature de la semaine, ensuite, je me procure les fichiers PDF et enfin, je lirai les papiers que je conserverai et qui me paraissent pertinents. C’est un immense travail que je fais depuis des années, mais c’est aussi le seul moyen d’être au plus proche des dernières découvertes qui ne seront portées dans des livres que des années plus tard. Ne parlons même pas des applications pratiques en médecines ou en sport, qui n’arriveront au mieux que des décennies après… Sur ce point, je dois avouer qu’il est très frustrant de voir que la science a pu mettre en évidence des choses qui ne seront utilisées que bien plus tard, et même trop tard pour de nombreuses personnes.

Au cœur de mes sujets de recherches, il y a bien entendu le régime cétogène et toutes ses applications. Mais, il me paraît indispensable de croiser ce domaine avec tous les autres domaines de la recherche qui peuvent nous apporter d’autres points de vue ou d’autres angles très utiles. Par exemple, quand on étudie le régime cétogène pour la lutte contre le Cancer, on doit étudier aussi tout ce qui peut intervenir sur le métabolisme énergétique comme l’hyperthermie, les bains de glace, la graisse brune, le sport, le deutérium, la chronobiologie ou encore toutes les molécules qui ciblent potentiellement la mitochondrie. Comme je l’ai dit dans Bonjour Keto, mon approche est globale, je préfère prendre du recul pour avoir une vision d’ensemble, plutôt qu’un microscope en manquant ce qui est pourtant juste à côté de moi. Le sommeil a été aussi une énorme préoccupation pour moi, en particulier le sommeil profond. À la lecture de toute la science disponible, j’affirme que l’échec est garanti – peu importe l’objectif recherché – si le sommeil est négligé. J’ai aussi grandement travaillé sur la chronobiologie, l’exposition à la lumière naturelle, la protection des lumières artificielles, des ondes électromagnétiques, la resynchronisation circadienne, tout ça pour toujours optimiser notre sommeil, qui à son tour nous offre une santé optimale. Vous n’imaginez pas ce que l’on peut faire, simplement en travaillant sur son sommeil.

Enfin, un des autres domaines qui m’intéresse et qui m’occupe beaucoup est celui des micronutriments. Je connais bien le monde de l’agriculture et de l’élevage qui aujourd’hui produit une nourriture toujours plus pauvre en micronutriments. Mon sujet de recherche est donc la production de nourriture la plus riche possible en vitamines et minéraux. Par chance, nous avons un terrain de jeu immense pour arriver à cela. J’espère dans les mois à venir pouvoir passer à l’action sur ce domaine après l’avoir longuement étudié, au moins pour ma production personnelle.

Marc souhaiterait savoir qui sont pour moi les « pionniers du régime cétogène » qui comptent, ceux qui ont ouvert la voie que nous suivons tous aujourd’hui aussi bien en science, qu’en médecine ou en sport

Ulrich : Les pionniers du régime cétogène sont pour moi très importants. Ce n’est pas pour rien que je leur ai dédié une page sur EatFat2BeFit. Malheureusement, nous sommes dans un monde qui avance à l’aveugle, n’ayant que très peu de respect et de reconnaissance pour les hommes et les femmes qui ont fait des découvertes majeures, nous permettant de faire ce que nous faisons aujourd’hui. C’est pour cette raison que j’ai voulu les mettre en lumière dès la fondation d’EatFat2BeFit en 2015. Dans la vidéo que j’ai publiée en 2018 sur les livres qui comptent en régime cétogène, j’ai aussi souligné le travail remarquable des auteurs comme Nina Teicholz, Gary Taubes ou encore Catherine Shanahan qui ont été parmi les pionniers que je respecte beaucoup… À cette époque, nous n’étions pas encore dans un monde où 8 livres sur 10 disponibles sur Amazon sont le fruit de faux auteurs et de faux avis, c’est-à-dire rien de moins que « du livre de merde » diffusant de la désinformation.

Impossible de commencer cet hommage autrement que par le Pr Tim Noakes, qui nous a offert spontanément son parrainage aussi bien pour notre site que par la préface de notre premier livre  publié en 2017 « Le grand livre de l’alimentation cétogène ». Ce grand scientifique a gagné le respect de toute la communauté du régime cétogène après ne pas avoir hésité à faire un virage à 180° dans sa carrière pour devenir le porte-étendard du régime cétogène.

Ensuite, je souhaiterais saluer Stephen Phinney qui a dévoué toute sa carrière au régime cétogène. Il publiait déjà au début des années 1980 et c’est en tant qu’immense expert de la cétose qu’il a été recruté dès la fondation de Virta Health. Parlons justement de Sami Inkinen qui est à titre personnel le héros du documentaire « Run on Fat » mais surtout le fondateur et PDG de la compagnie Virta Health qu’il a fondée en 2014 avec l’ambition d’inverser 100 millions de cas de prédiabète et diabète aux USA. Ce projet titanesque aboutit progressivement puisque Virta Health est désormais le leader aux USA pour l’inversion du diabète de type 2 grâce au régime cétogène. Sami a su s’entourer des meilleurs dès le début, avec Stephen Phinney bien entendu, mais également Jeff Volek ou Sarah Hallberg décédée récemment.

C’est un exercice difficile de parler et de mettre en avant ces pionniers que je respecte infiniment pour tout leur travail et ce qu’ils ont pu nous offrir comme connaissances pour que nous puissions vivre le régime cétogène aujourd’hui, comme nous le vivons. Chaque détail compte, chaque sujet de recherche compte. Quand on voit le niveau de propagande, de corruption de l’industrie pharmaceutique et agroalimentaire, mettre en lumière la vérité nécessite parfois des décennies pour contrer les milliards que ces puissants déversent pour vendre leurs produits toxiques… Comme par exemple avec Fred Kummerow qui a voué sa carrière à dénoncer les méfaits des graisses hydrogénées (Trans Fats) vendues dans les margarines et les produits industriels. Celui-là même qui à l’âge de 100 ans a fait un procès contre la FDA et sa lenteur administrative à la reconnaître, nous montre l’ampleur des convictions et du travail de ce que je considère comme des héros de la nutrition. Nous vivons une époque où le dernier neuneu sur les réseaux sociaux remporte infiniment plus d’attention et de reconnaissance que les grands scientifiques qui ont fait avancer le monde, mais j’ai toujours préféré et privilégié ceux qui font vraiment le travail en coulisses, plutôt que les gens du spectacle qui ne font que du bruit. Nous avons d’ailleurs publié un article sur ces problèmes d’influence et d’influenceurs.

Impossible de ne pas évoquer Richard Veech et Kieran Clarke qui ont, l’un aux USA et l’autre au Royaume-Uni, voué leur carrière à l’étude et au développement des corps cétoniques. Je parle de décennies consacrées à l’étude du β-hydroxybutyrate et de sa synthèse… Rien que l’étude du parcours de ces deux chercheurs est fascinante. Comment ne pas alors parler de Dominic D’Agostino qui est de la nouvelle génération et qui a repris le flambeau de la recherche sur la cétose et ses applications. Justement, si l’on aborde par exemple le cancer et le régime cétogène, ce sont alors des noms comme Thomas Seyfried, Miriam Kalamian ou encore Adrienne Scheck et Rainer Johannes Klement entre autres qu’il faut mettre en lumière, comme de véritables artisans de la science du régime cétogène contre le Cancer, tout comme les Drs Djikeussi et Schwartz en France.

Encore une fois, c’est vraiment difficile comme exercice de parler des pionniers, car il ne faut oublier personne. Mais, qu’il soit question de recherche fondamentale, de médecins, de sportifs, je profite de l’occasion pour simplement et sincèrement les remercier pour l’ensemble de leurs découvertes qui nous permettent aujourd’hui d’être là où nous en sommes. Je vous encourage vivement à vous intéresser aux pionniers du régime cétogène, à leurs publications scientifiques et leurs livres. C’est uniquement grâce à cet héritage que nous pouvons construire un régime cétogène bien formulé aujourd’hui.

Sophie souhaiterait que je lui dresse mon bilan de l’évolution du Keto en zone francophone, à la lumière de ces 10 années d’expérience. Elle voudrait aussi connaître les différences entre la France et les États-Unis où nous vivons depuis 2020.

Ulrich : Ce bilan étalé sur 10 années est contrasté en France. En 2013, quand nous avons commencé, il y avait très peu de livres en français : cinq tout au plus traitant du sujet. Nous avons dû nous tourner rapidement vers la littérature anglophone, en particulier venant des États-Unis qui avait déjà une longueur d’avance. Je pense aussi bien aux médecins et scientifiques, qu’aux auteurs comme Maria Emmerich et d’autres qui avaient déjà publié énormément de choses.

Progressivement, tout ça s’est étoffé. Nous avons ouvert notre site en 2015, avec justement l’envie de partager notre expérience pour agrandir la communauté francophone des utilisateurs du régime Keto. Nous avons créé un groupe sur Facebook, que nous avons fermé en 2019 avec déjà plus de 5 000 personnes, puis c’est Instagram en 2020 que nous avons quitté à cause de la censure massive que nous avons tous pu connaître. Tout ça a pu grossir graduellement, année après année jusqu’en 2020. Malheureusement, nous avons vu en parallèle grossir la désinformation venant de ceux qui ont des intérêts financiers importants à ne pas voir le régime cétogène s’étendre. Nous avons aussi pu constater beaucoup d’amateurismes, c’est-à-dire des personnes souhaitant vite faire de l’argent en présentant le régime cétogène comme un régime miracle pour perdre 50 kilos en un rien de temps par exemple. Nous en avons même fait les frais, avec un petit malin de la région de Nantes, qui a piraté notre premier livre pour en faire un PDF qu’il vendait à 19 € en quantité astronomique grâce à un marketing parfaitement réglé… C’est malheureusement le monde dans lequel nous sommes progressivement entrés avec comme charnière le début de l’année 2020.

J’en profite pour rappeler que j’ai alerté sur un scandale qui n’a malheureusement pas fait grand bruit : celui des faux auteurs et des faux avis sur Amazon. Savez-vous que 8 livres sur 10 sur Amazon, ne sont écrits par personne ? Depuis 2020, avec la censure massive sur toutes les plateformes de réseaux sociaux (sauf MeWe que nous utilisons), la censure dans les médias, par Google et même dans les journaux scientifiques, nous constatons réellement un recul de l’évolution du régime cétogène en zone francophone. Nous pouvons même témoigner de la censure qu’une plateforme comme Amazon pratique sur les avis déposés pour notre dernier livre. Pour tous ces sujets, nous avons publié un article complet, qui malheureusement n’a pas permis la prise de conscience que nous attendions. Le régime cétogène est franchement en danger et nous alertons depuis 2020 !

Désormais, nous vivons aux USA depuis septembre 2020. Ici, la réalité du mode de vie cétogène est bien différente. Les produits Keto sont partout, les magazines Keto pullulent aux caisses des supermarchés et du côté des livres traitant du régime cétogène, c’est carrément trois rayons entiers chez Barnes & Noble. Il ne se passe pas un seul mois dans l’année sans qu’un grand congrès ne se déroule dans un des États américains pour traiter du régime cétogène : San Diego, Los Angeles, Denver, New York, Austin ou encore Boca Raton en Floride pour ne citer que les plus gros. Pour faire simple, ici, vous dites au restaurant que vous êtes en Keto et la serveuse sait déjà qu’elle peut vous proposer des légumes à la place des frites. Le mode de vie cétogène aux USA est ultra-facile. De plus, il y a un véritable mouvement de fond vers la qualité, les élevages en plein air pour tous les animaux, l’agriculture régénérative qui participe à la séquestration du carbone.

Par exemple à Boulder où nous vivons, nous avons même des Burgers Keto que l’on vous présentera dans des feuilles de salade ou un pain Keto, des courgettes ou des oignons à la place des frites, de la graisse de bœuf pour la friture, du ketchup keto et une boisson sucrée à la Stévia ou un Kombucha, tout en terminant avec un milkshake au lait A2 de vaches qui broutent que de l’herbe, le tout sans sucre… Comme quoi, on peut même faire du Fast food sans forcément faire de la Malbouffe…

L’écart entre l’Europe et les USA sur le régime cétogène est donc plutôt en train de se creuser malheureusement. Il en est de même du côté des ingrédients. Nous avions visité 33 États américains entre 2008 et 2019 avant de nous installer au Colorado en 2020, depuis nous en sommes à 41 états sur 50. Nous avons donc une bonne vision de ce qui se passe ici, que ce soit sur la route, dans une station-service, au restaurant ou au supermarché. Le Keto est en plein boom aux USA.  Ici, nous avons accès à des ingrédients côté cuisine, qui sont toujours indisponibles en France, ou carrément interdits à l’importation en Europe…

Du côté des médecins, en France, c’est très peu réjouissant. Ainsi, j’ai longtemps espéré une progression du niveau des médecins, malheureusement, plus le temps passe et plus c’est véritablement un effondrement. Avec 7 millions de Français qui prennent des statines chaque jour pour faire baisser leur cholestérol, il ne faut pas s’attendre à voir beaucoup de médecins vous dire que plus votre total de cholestérol est bas et plus vous augmentez votre risque de mourir prématurément. Étant donné la littérature scientifique disponible sur ce sujet du cholestérol, il est pour moi criminel de continuer dans cette voie… Pour le diabète, on en est encore et toujours à la préhistoire, avec des médecins qui ne sont même pas au courant que le régime cétogène permet d’inverser un diabète de type 2 en quelques mois… Malgré la littérature scientifique disponible. Pour rappel, le tout premier article scientifique du régime cétogène remonte à 1920 et proposait déjà d’inverser le diabète de type 2. La preuve que la formation continue du médecin est défaillante. Ou alors, ils sont peut-être trop occupés à recevoir les visiteurs médicaux qui vont leur « vendre » leur dernière insuline ou leurs derniers médicaments hypoglycémiants ? Tout ça est une véritable organisation criminelle, rien de moins… Avec comme victime le patient / contribuable.

Malheureusement, l’expérience de ces 10 dernières années me montre que nous ne prenons pas le bon chemin, au contraire. Je suis fier d’avoir pu former un grand nombre de médecins au régime cétogène, d’enseignants-chercheurs, d’infirmières, de naturopathes qui sont désormais tous convaincus et parfaitement formés à toute la science qui entoure le régime cétogène, cependant ce n’est pas suffisant pour espérer le moindre sursaut. Puisqu’une fois initié au régime cétogène, il leur est impossible de communiquer dessus de peur de se faire excommunier par leurs collègues.

L’année 2020 nous a montré qu’un bon médecin est un médecin qui obéit et non un médecin qui guérit ; qui pour sa part sera jugé par un conseil de l’ordre dont le rôle n’est plus de garantir « l’ordre », mais plutôt d’obéir aux ordres de politiciens, eux-mêmes aux ordres des laboratoires pharmaceutiques ! Depuis 2020, le sujet santé et nutrition est parfaitement verrouillé par les autorités, par Google, par les médias, et par l’industrie agroalimentaire et pharmaceutique.

Tout ceci ne laisse aucun espoir d’un changement notable, tout du moins en France.  Notre liste de médecins bienveillants sur le régime cétogène, ne s’est pas beaucoup étoffée au fil des années, c’est décevant. La France reste le seul pays occidental à n’avoir jamais organisé une grande conférence publique autour du régime cétogène. Nous avons longuement songé à en organiser une, malheureusement les Français ne semblent toujours pas prêts pour ça…

Jean-Michel souhaiterait savoir ce que je propose pour aider à la promotion du régime cétogène en zone francophone 

Ulrich : Ma position a toujours été la même. La meilleure promotion du régime cétogène que l’on puisse faire, est simplement sa propre réussite. Quand on perd massivement du poids, quand on s’affranchit des traitements, quand on retrouve une pleine santé là où parfois durant des décennies, nous l’avions perdue, alors les questions de nos proches, nos amis, nos collègues arrivent.

De façon « sauvage » on dit que « convaincre, c’est vaincre des cons ». Je partage cet avis. Convaincre une personne est un art dans le sens de « vaincre » dans un débat qui n’est plus qu’un combat comme nous l’a enseigné Arthur Schopenhauer dans « L’art d’avoir toujours raison ». Je ne pense pas qu’il faille convaincre qui que ce soit. Vous pouvez convaincre quelqu’un, qui pourra être de nouveau convaincu du contraire juste ensuite. On ne s’en sort pas. Comme je le dis souvent, personne n’arrive au régime cétogène sans un objectif précis, personne ne s’y met par hasard. Une personne qui n’a pas de poids à perdre, aucun problème déclaré de santé, qui ne cherche pas à améliorer sa pratique sportive, ne verra que les contraintes du régime cétogène sans les avantages. Enfin, parler de longévité à quelqu’un de 25 ans, ne résonnera pas chez lui.

Ainsi, en 10 ans de pratique du régime cétogène, je n’ai vu que des personnes déjà convaincues par la nécessité de faire quelque chose pour leur santé, mais je n’ai dû « convaincre » personne. J’ai vu des personnes à qui j’ai parlé du régime cétogène s’en foutre royalement et qui venaient me poser des dizaines de questions le jour où elles sont passées à côté de la mort avec un compte à rebours activé et l’urgence du changement à faire dans leur assiette pour leur santé. Les convaincre en amont était impossible, alors qu’après elles étaient déjà convaincues… C’est triste, nous aimerions tous que ce soit différent, mais c’est la réalité.

Malheureusement, nous vivons dans un monde court-termiste où le plaisir de trois pains au chocolat engloutis dans la rue, l’emporte sur le diabète qui arrivera des décennies plus tard. Il est aussi plus simple pour le diabétique de s’injecter de l’insuline remboursée par la sécurité sociale plutôt que de faire des changements dans son assiette. Je n’aborderai même pas la chirurgie bariatrique pour l’obésité, prescrite aussi facilement que du Doliprane, faisant chaque année des milliers de nouveaux handicapés à vie (+ de 60 000 chaque année en France), dépendants de compléments alimentaires fortement dosés.

Ainsi, je dois concéder ne pas pouvoir directement répondre à la question. Entre la maladie grâce à la passivité, et la santé grâce à l’action, selon moi, ce n’est qu’une toute petite minorité de personnes qui va se retrousser les manches pour passer à l’action et changer de vie. Si l’on ajoute à cela la censure et la propagande médiatique, les médecins qui ne sont – disons-le franchement, plus que des prescripteurs pour les laboratoires pharmaceutiques – et la censure de Google et des principaux réseaux sociaux, je ne vois clairement plus ce que nous pourrions faire pour faire avancer le régime cétogène dans ces conditions…

Rebecca se demande comment j’ai fait pour me remettre en selle après un écart ou un arrêt du régime cétogène :

Ulrich : Au risque d’en décevoir beaucoup, en 10 ans de régime cétogène, je n’ai jamais fait de « sortie de cétose ». De fait, je n’ai donc jamais eu à m’y remettre. Comme je l’ai détaillé dans un long article sur les dangers des glucides pour notre santé, ou celui sur le « jour de triche » en régime cétogène, je ne recommande vraiment à personne de faire des allers-retours entre le régime cétogène et un régime riche en glucides. Notre métabolisme ne peut pas s’adapter aussi vite et les conséquences peuvent être importantes pour notre santé.

Les personnes qui ont suivi la formation de la Céto-Academy, savent grâce au module dédié à la glycémie (le Master 1), que de nombreux changements s’opèrent avec la cétose et qu’un individu parfaitement adapté à la cétose nutritionnelle, n’est absolument pas adapté pour recevoir de grandes quantités de glucides. Ainsi, dans ma vie de tous les jours, il y a eu des sources de glucides que j’ai pu très occasionnellement consommer, comme un petit morceau de pain de campagne pour accompagner un bon fromage au restaurant, ou une belle pêche cueillie sur l’arbre dans un verger du Colorado. Mais, ces quelques sources de glucides s’inscrivent dans le total d’une journée toujours en dessous de 50 g de glucides nets par jour. Je n’ai donc jamais eu à subir l’arrêt de ma cétose nutritionnelle à cause d’aliments non compatibles avec cette cétose. Quand on comprend la toxicité des glucides pour la santé, on n’a clairement pas envie de s’infliger ça. Même souffler ses bougies pour ses 40 ans peut se faire en mode « full fat » ! Passez-moi le beurre s’il vous plaît !

Sébastien, Rebecca, Stéphanie, et de nombreuses personnes m’ont demandé en résumé, comment j’ai fait pour ne pas « craquer », pour ne pas faire d’écart dans ma cétose nutritionnelle

Ulrich : La raison de l’absence « d’écarts » ou de « craquages » est très simple : je n’ai aucune frustration en régime cétogène. Il ne me manque rien. Je n’ai en conséquence aucune envie d’un aliment qui entraverait ma cétose nutritionnelle. J’adore les viandes et les produits laitiers. J’ai déjà dit que j’ai perdu la totalité de mes 34 kg en consommant 1 kg de fromage au lait cru par semaine. Christophe, mon fromager de la rue des sablons à Fontainebleau, pourra témoigner avec mes deux visites hebdomadaires. À ce niveau de lecture de mon témoignage, « les ignorants & bonimenteurs », qui prônent l’exclusion des produits laitiers sans même faire la distinction entre le lait cru et les autres, ont dû « collapser ». 😊 Oui, le fromage au lait cru s’inscrit totalement dans un régime cétogène bien formulé ; il n’entrave pas la perte de poids et il n’est pas « inflammatoire ». Je possède des dizaines de publications scientifiques de haut niveau qui viennent l’étayer en plus de mon expérience pour le confirmer.

J’apprécie de mettre en valeur des légumes pauvres en glucides et si j’ai envie parfois de m’offrir un dessert Keto, des crêpes, des gaufres, des gâteaux, du pain nous avons absolument tout à disposition pour en confectionner de très pauvres en glucides. Par ailleurs, j’aime le chocolat 100 % que j’apprécie aussi bien à croquer qu’en chocolat chaud que je confectionne en version « Full Fat ». Non sincèrement, je ne vois vraiment pas ce qui pourrait me faire envie puisque j’ai absolument tout ce que j’apprécie dans l’art de vivre cétogène… Pourquoi je pourrais donc « craquer » ? Je ne vois pas…

Nathalie m’a demandé si j’ai pris des compléments alimentaires

Ulrich : En 10 années de régime cétogène, j’ai franchi plusieurs étapes. Tout d’abord, l’induction du régime cétogène pour la perte de poids. Lors de mes différents témoignages à 18 mois et 3 ans, j’ai publié et dit avoir pris plusieurs compléments alimentaires comme le potassium, le magnésium, la vitamine D et oméga 3 EPA/DHA. Comme je l’ai expliqué dans toutes mes publications, entre une carence et une complémentation, il est préférable d’utiliser un complément alimentaire. Ce n’est pas un échec de prendre un complément alimentaire, contrairement à une carence !

Mais, les années passant, après avoir atteint mes objectifs personnels de perte de poids, je me suis focalisé sur les micronutriments et surtout sur leur disponibilité dans notre alimentation. Je me suis aussi penché sur les bons apports pour chaque micronutriment dans un contexte de cétose nutritionnelle. Parce que si les valeurs données par les autorités sanitaires dans le monde, ainsi que celles de la littérature scientifique, le sont dans le cadre d’un régime très riche en glucides, nos besoins changent radicalement dans le contexte d’un régime pauvre en glucides. L’exemple frappant est, celui de nos besoins en vitamine C dans le cadre d’un régime très riche en glucides, contre nos besoins en vitamine C dans le cadre d’un régime très pauvre en glucides.

Ce sont des années de recherches qui ont pu me mener à trouver l’optimum pour un être humain en cétose nutritionnelle continue. J’ai pu moi-même avec le temps évacuer les compléments alimentaires que je prenais au début. Qu’il soit question de l’iode, du potassium, du magnésium, de la vitamine D, de la vitamine C, de la vitamine K2, du Zinc ou du Cuivre, j’ai partagé avec vous où trouver les meilleurs apports en micronutriments dans un régime cétogène bien formulé.

La vitamine D est à mes yeux très importante et aujourd’hui sa carence est à l’origine d’une partie considérable des maux qui touchent notre société moderne. À titre personnel, j’ai utilisé un complément, et j’ai pu tester le foie de morue. Maintenant j’ai la chance de vivre au Colorado ce qui me permet d’obtenir des niveaux optimaux de vitamine D grâce à mon exposition au soleil. Je n’ai donc pas de règle et j’ai toujours invité chacun à n’en avoir aucune, mais à simplement chercher à atteindre son objectif. Si cet objectif nécessite la prise d’un complément alimentaire, prenez-le ! Si vous pouvez faire pareil avec de la nourriture ou en vous exposant au soleil, alors c’est encore mieux. Mais, ne négligez jamais vos apports en vitamines, minéraux et oligoéléments !

Ma priorité personnelle est de trouver chaque micronutriment en quantité suffisante dans ma nourriture. Toutefois si je n’y arrive pas, je cherche alors la meilleure forme de complémentation à mettre en place. J’ai aussi passé énormément de temps à essayer différentes molécules pour différents effets. Dans le cadre de mon travail de Biohacker pour les sportifs, je dois être en mesure d’expliquer à mes clients dans quel sens aller pour leurs objectifs et la meilleure façon de savoir est d’avoir moi-même testé.

Julie me demande comment je fais face aux détracteurs du régime cétogène : médecins, amis, collègues, elle me demande ce que je réponds 

Ulrich : Au risque de décevoir Julie, je ne réponds pas. C’est une posture que j’ai prise il y a longtemps par souci d’efficacité. Dès 2015, je me suis retrouvé avec au moins un article par jour dans les grands médias, racontant vraiment n’importe quoi sur le régime cétogène. Répondre à ces articles aurait nécessité l’embauche de plusieurs personnes à temps plein. Désormais c’est encore pire, il faut vraiment le comprendre, nous sommes passés à l’ère industrielle de la bêtise !

J’imagine que vous pensez que j’exagère, alors je me dois d’apporter des arguments. Aujourd’hui sur le web, plus personne ou presque n’écrit vraiment des articles de qualité. On fait de la merde bon marché. Par exemple, vous voulez un article pour votre blog de 600 mots sur n’importe quel sujet ? Aucun besoin d’y réfléchir, vous payez de 30 à 60 € et une personne au bout du monde qui ne connaît strictement rien à votre sujet, vous écrira un article prêt à être publié en moins de 24 h. Des entreprises comme Fiverr proposent la mise en relation, et d’autres s’occupent de faire publier des articles sur d’autres sites pour renvoyer sur le vôtre et vous faire monter dans les classements des moteurs de recherche. Votre référencement s’améliore, mais vous participez à la publication d’articles de merde par milliers sur le régime cétogène. Dans ces conditions, il devient matériellement impossible de répondre à des tonnes d’âneries déversées chaque jour sur le web.

Ensuite, de façon plus sérieuse, les détracteurs du régime cétogène sont très nombreux. Les médecins corrompus des plateaux de télévision, les journalistes payés pour désinformer par l’industrie agroalimentaire et les laboratoires pharmaceutiques, les experts médicaux payés par cette même industrie pharmaceutique. Ces personnes ont bien trop de pouvoir et d’argent pour être affrontées frontalement. C’est peine perdue. Comme nous l’avons déjà expliqué dans la Céto-Academy, il faut bien comprendre que quand on a des milliards à dépenser en marketing pour faire des centaines de milliards en profits, on peut tout se permettre pour faire passer n’importe quel mensonge comme vérité. On peut même fabriquer la littérature scientifique nécessaire pour venir appuyer ses mensonges. Si vous n’avez pas lu le livre « Médicaments effets secondaires : la mort » de John Virapen, ancien PDG du laboratoire Eli Lilly pour la Suède, je vous encourage à le faire. Vous saurez tout ce qui se pratique de l’intérieur. Ainsi, vous comprendrez mieux, que répondre aux détracteurs du régime cétogène ne sert strictement à rien ! C’est une pure perte de temps.

Eric qui est sportif, me demande si j’ai constaté aussi les effets de la cétose nutritionnelle sur ma transpiration :

Ulrich : La cétose nutritionnelle change en profondeur notre métabolisme énergétique. De l’utilisation du glycogène lié à l’eau, nous passons aux acides gras qui produisent de l’eau métabolique. C’est très différent, c’est un véritable changement de carburant, avec un mode de fonctionnement lui aussi totalement différent. Avant 2013, je transpirais énormément, avec une immense perte d’électrolytes et d’oligoéléments (pour ceux qui ne le savent pas, la sueur ce n’est pas que de l’eau et du sel, il y a quantité de molécules excrétées). Puis, environ 18 mois après mes débuts en régime cétogène, c’est-à-dire vers 2015, j’ai pu constater que ma transpiration avait radicalement diminué. Dans ma pratique sportive en mode Keto, j’ai beaucoup moins besoin de m’hydrater qu’avant et j’ai donc moins besoin d’électrolytes en remplacement. J’avoue avoir essayé beaucoup de choses durant cette phase de transition, car la littérature scientifique était mince sur le sujet de l’hydratation pour le sportif fat-adapté. Après plusieurs essais et erreurs, j’ai pu trouver les bons ajustements qui ne sont au fond rien que du bon sens. J’en profite pour attirer l’attention sur l’extrême importance de remplacer ce que l’on perd et ce n’est pas (une fois de plus) que de l’eau ! La composition de la transpiration est individuelle avec d’énormes variations entre les personnes. Si les apports en sodium, potassium ou magnésium sont généralement bien connus des athlètes, ils négligent bien souvent quantité de micronutriments et d’oligoéléments comme l’iode, le cuivre, le zinc, etc.

Jérôme et Anaïs me demandent comment j’ai géré durant ces 10 années en régime Keto, la pression sociale, les repas de famille, les repas au travail, comment ne pas craquer quand les repas se succèdent, les fêtes et les « apéros au camping » ?

Ulrich : J’ignore ce que « pression sociale » veut dire … et je fais une analogie avec l’abstinence en matière de consommation d’alcool. Quand j’étais enfant, j’ai pu goûter différents alcools. En 1994, j’ai 16 ans, je fais du sport et je m’initie déjà à la littérature scientifique. Je comprends donc que l’alcool est un poison, que la bonne quantité d’alcool pour un humain, c’est zéro.

Je n’ai donc plus jamais bu une seule goutte d’alcool depuis 1994. Est-ce que j’ai ressenti une forme de « pression sociale ? » jamais… Pourtant, je suis un homme, et forcément, quand on ne boit pas une bière, que l’on refuse un apéro ou un verre de vin, c’est « que l’on n’est pas un homme ». 😊 Aucun problème, je n’ai jamais rien eu à faire de l’avis des gens. Je suis un homme libre et responsable de ses choix, et en toute occasion qu’elle soit familiale, amicale ou professionnelle, j’ai toujours dit non et j’ai toujours bu mon soda avant le régime cétogène puis mon Perrier ou un verre de Kombucha depuis que je suis en cétose. Ceci ne m’a jamais posé le moindre problème et je n’ai jamais été tenté de boire un verre d’alcool (que j’appréciais pourtant) avant de dire non, définitivement. Avec 29 ans de recul et d’abstinence totale en matière d’alcool, je confirme que c’est très simple à vivre. Dire NON de façon définitive et invariable permet de mettre les choses au clair avec son entourage. Rapidement, chaque personne qui me connaissait, savait qu’elle n’avait pas à me proposer d’alcool. Avec le temps, les amis et la famille prévoyaient toujours quelque chose pour moi. Forcément, si vous êtes à géométrie variable, avec un coup « oui » et un coup « non » les gens ne savent plus et vous proposeront systématiquement. Savoir dire « NON » de manière ferme et définitive est une position très facile à gérer et à vivre.

Pour le régime cétogène, c’est exactement la même démarche. Je n’ai jamais ressenti la moindre pression sociale. J’ai toujours pu manger cétogène partout où je suis allé, aussi bien dans un restaurant routier au menu à 10 €, que dans un grand restaurant gastronomique, que lors de fêtes de famille, mariages, anniversaires etc. Il y a toujours à manger cétogène partout en toute occasion. Alors, je peux le garantir, puisque nous avons pu expérimenter toutes les situations possibles et imaginables en 10 ans. Au pire, refuser la part de gâteau bourré de sucre, ne posera pas de problème si l’on explique en deux mots la raison. Il me semble important de ne pas avoir la faiblesse de cacher son manque de détermination derrière une « pression sociale » qui viendrait à bout de notre volonté. C’est selon moi une excuse qui ne tient pas.

Laurent me demande quelle est ma routine alimentaire matinale

Ulrich : Personnellement, je pense que la routine, c’est un peu la mort lente. Si j’apprécie de mettre des routines en place pour ranger mes affaires ce qui me fait gagner du temps de cerveau pour autre chose, je n’apprécie pas les quotidiens à faire toujours pareil. En tant que Biohacker pour commencer, je teste de nouvelles choses presque quotidiennement. Qu’il soit question d’aliments, de molécules, de matériel ou de méthodes, j’essaie de nouvelles choses en permanence.

De façon générale, je consomme 9 fois sur 10 toute ma nourriture de la journée avant midi. Je reste convaincu que c’est la façon optimale de s’alimenter. Que ce soit ventilé sur un repas ou deux repas, c’est ainsi que je vis depuis des années. Bien entendu, si nous sommes sur la route, par exemple, il nous est possible de prendre un bon petit déjeuner puis de prendre un dîner tardif à 18 h (oui, j’ai bien conscience que « tardif » à côté de « 18 h » choque des non-initiés à la chronobiologie), mais cela reste une exception et je ne mange jamais après la tombée de la nuit. Je ne partagerai pas la composition précise de mon petit déjeuner, car tout d’abord, elle est variable et qu’ensuite elle ne me correspond qu’à moi. Je ne souhaiterais donc pas donner une « recette miracle » qui me correspond parfaitement et qui ne correspondrait pas à d’autres personnes. Mais, de façon générale, c’est un petit-déjeuner riche en protéines, riche en micronutriments, et sans liquide pour une parfaite digestion. Mon expresso du matin se prendra soit bien avant, soit bien après le repas. Une chose est certaine dans ma « routine matinale », je ne manque jamais de prendre un peu de kéfir de lait cru, chaque matin.

Laurence qui reprend ses voyages et qui aime le trekking en pleine nature, en immersion dans des populations locales de pays très éloignés de nos civilisations européennes se demande si durant nos voyages, nous avons été confrontés à l’impossibilité de nous alimenter en mode Keto ? Elle me demande si c’est arrivé durant ces 10 ans de devoir arrêter ma cétose à cause de cette contrainte.

Ulrich : La réponse est simple : ça ne m’est jamais arrivé. Nous avons voyagé un peu partout dans le monde : en Europe du Portugal, à la Suède, au Moyen-Orient en Israël, en Amérique, en Polynésie etc. Nous avons fait ça en voiture sur plusieurs jours, en train, et en avion sur des vols pouvant aller jusqu’à 24 h avec 2 h d’escale. Jamais en 10 ans, nous nous sommes retrouvés à nous dire : « là, on n’a pas le choix, on doit manger des glucides ».

En réalité, c’est très simple. Si l’on regarde bien, absolument partout sur Terre, nous avons accès à de la viande, du poisson, des produits laitiers ou des œufs. Même dans des cultures très éloignées du mode de vie occidental, ces aliments sont présents. Il faut bien comprendre que c’est le mode de vie moderne occidental qui est très riche en glucides, dès que l’on s’éloigne de la civilisation et que l’on redevient dépendant de la chasse (comme lors d’un trek en pleine nature), aucune difficulté à trouver « protéines et lipides » dans les proies chassées ou pêchées.  

Alors que ce soit au restaurant, ou plus simplement chez un petit marchand au bord de la route, il y a toujours moyen de se ravitailler. Bien entendu, il peut être nécessaire de prévoir et de s’organiser. Il peut aussi être utile d’emporter des stocks, par exemple, de la viande séchée sous toutes ses formes. C’est très commode, car ça ne demande aucune réfrigération. Ainsi, concrètement, d’Israël à la Suède, d’un désert américain dans une réserve indienne au village perdu de la Haute-Loire une soirée d’hiver, nous n’avons jamais eu à renoncer. Ça s’est même fait naturellement. Je me souviens d’un voyage en voiture vers le Danemark où nous nous sommes arrêtés à l’improviste dans un petit village en Allemagne avec un seul petit restaurant ouvert tard le soir, ça s’est terminé avec 2 steaks chacun dans l’assiette « ohne Kartoffel » (sans pomme de terre) et un morceau de fromage… En toute sincérité, nous n’avons jamais eu de problème pour nous alimenter, dans n’importe quelle situation puisque les sources de protéines et de lipides sont universelles dans le monde…

Jean-Baptiste se demande comment échapper à la frustration ou à la colère lorsque l’on voit à quel point la science et l’expérience sont en faveur de la cétose nutritionnelle, et qu’elle n’est pas plus mise en avant dans le monde actuel ?

Ulrich : C’est une bonne question à laquelle je ne vois pas de réponse satisfaisante. À mon avis, le seul angle qui permet de préserver sa santé mentale pour ne pas devenir fou dans un monde de fous, est simplement de se concentrer sur soi, ses objectifs, sa priorité. Il faut mettre en place un plan à suivre et à ajuster pour atteindre son but. Et, une fois atteint, il faut choisir un autre but et ainsi de suite sans jamais perdre le focus sur ce but, sans jamais s’en éloigner. Ceci permet de s’isoler de certaines choses qui peuvent réellement décourager. Et ne tombez pas dans le cercle vicieux de vouloir aider le monde entier, qui n’a clairement pas décidé de s’aider lui-même. Ce chemin n’offre que de la déception.

Un exemple avec ce que nous vivons. Aux USA, le taux d’obésité morbide est au plafond. D’ailleurs l’épidémie d’obésité est telle que la CDC a remis à jour sa courbe de croissance à jour par rapport à 2000. Et, qu’est-ce qu’on voit ? Simplement qu’un enfant obèse en 2000 avec un BMI à 30 se trouve dans « la norme » en 2022, puisqu’ils ont dû étendre ce BMI jusqu’à 53 pour mieux refléter la réalité. La nouvelle normalité, c’est que nous soyons tous des obèses mais que nous soyons perçus comme normaux ! Que pouvons-nous faire dans un monde qui prend une telle direction ? Malheureusement rien d’autre que de se concentrer sur soi-même et ses propres objectifs de santé. L’obésité n’est pas un mode de vie, c’est une maladie aux conséquences graves à court, moyen et long terme. La folie ambiante voulant faire de cette pathologie un « droit à la différence » ne fait rien d’autre que d’envoyer tout le monde au cimetière plus tôt.

Pour l’anecdote, ce 9 janvier 2022 la CDC aux USA vient d’autoriser la chirurgie bariatrique à partir de 13 ans et l’utilisation d’un nouveau médicament anti-obésité qui coute 1200$ par mois à partir de 12 ans. S’injecter un produit (le Wegovy de Novo Nordisk) toutes les semaines « OUI » changer de régime alimentaire pour un régime Keto « NON ». Suivez l’argent, et vous connaitrez le choix des médecins.

Les diabétiques pullulent et les personnes en fauteuil roulant incapables de marcher encombrent les rayons soda des supermarchés. Quand on travaille sur le régime cétogène et la santé, cela peut vraiment miner le moral et devenir décourageant. Il suffit de faire un tour dans un supermarché Walmart du Kentucky de Louisiane ou d’Alabama, pour bien sentir qu’être mince concerne seulement une toute petite minorité.

Connaissant bien les États-Unis avant de nous y installer, nous avons fait le choix de vivre dans la ville la plus « Healthy » de tous les USA, avec un taux d’obésité 50 % plus bas qu’en France. La vie que nous avons ici, nous permet de ne pas perdre notre objectif sur le régime cétogène, nous sommes encouragés par ce que nous voyons, des personnes en santé et sportives qui prennent soin de leur corps. Nous avons donc fait le choix d’un environnement positif pour notre objectif et notre travail. Tout est question d’objectif auquel il faut se tenir.

En cherchant un environnement positif sur le régime cétogène, nous servons notre but. Simultanément, nous nous isolons de ce que nous ne voulons pas voir comme l’actualité, les articles de presse ou les émissions de télévision dont nous savons d’avance qu’elles vont nous éloigner de notre objectif. Savoir choisir son environnement est selon moi très important. Comme je l’ai dit à plusieurs reprises : « dans un monde d’hyperchoix, il faut apprendre à faire ses choix ». Ainsi, entre être exposé à un environnement toxique ou s’en préserver, pour moi le choix est rapide. Nelly le formule différemment : « Agir au lieu de réagir », c’est-à-dire qu’il est préférable d’agir sur sa vie pour changer de contexte, plutôt que de réagir en permanence à un contexte qui nous est insupportable. Voyez-vous l’idée ?

Karine se demande comment j’organise mon alimentation en amont d’une course de Trail ou pour le sport en général

Ulrich : C’est une bonne question, car ma réponse a pu évoluer avec les années. Quand j’ai commencé le régime cétogène en 2013, j’avais déjà repris la course à pied. J’étais gros et lourd, mais je courais. Quand je suis passé en cétose et que l’alimentation pour la course à pied a été un sujet important à traiter, j’ai bien entendu beaucoup cherché. J’ai trouvé beaucoup d’informations, puis j’ai essayé. Mais clairement, rien ne fonctionnait. De plus, j’ai fait des choses stupides, contre-intuitives pour en constater moi-même l’échec. Par exemple, boire un chocolat chaud très riche en lipides 3h avant de partir sur une sortie longue (20 km et +), des repas trop importants, embarquer des noix à manger en courant… Ainsi, je crois pouvoir dire que j’ai pu tester tous les trucs à ne pas faire. 😊

Puis j’ai enfin compris. Finalement, il n’y a rien à faire. Quand on suit un régime cétogène bien formulé, riche en micronutriments, on a déjà tout ce qu’il faut, tout au long de l’année et pour l’entraînement. Les jours de courses, partir l’estomac vide est ce qui m’a le plus réussi, car j’ai tout sur moi ! Forcément, ça demande beaucoup d’expérience pour avoir la confiance nécessaire pour partir le ventre vide.

Ma cétose permanente me permet de préserver mes stocks de glycogène, j’ai assez de graisse corporelle pour alimenter mes muscles, je vais donc me concentrer sur la longueur de mon effort pour apporter eau et minéraux en quantités suffisantes, mais toujours inférieures à la perte (j’ai aussi commis ces erreurs de vouloir remplacer tout ce qui était perdu durant l’effort). Et, c’est tout. Je ne suis pas personnellement concerné par les courses longues comme des 160 km et plus. En revanche, si c’était le cas, alors je me concentrerais sur mon glycogène et ma fréquence cardiaque, dépendant aussi du dénivelé. Mais, au fond, c’est très peu de choses quand on est parfaitement Céto-Adapté puis Fat-Adapté, on embarque sur nous déjà tout ce dont nous avons besoin.

Vous pouvez lire les témoignages de Michael en Ultra-Trail  de Marc Vallée ou de Sean et Meli en vélo, c’est toujours la même vision de simplicité qui revient. Quand on aborde le régime cétogène pour le sport amateur, on se fait des nœuds au cerveau pour rien, je peux le garantir, j’en ai l’expérience. Pour le sport professionnel, c’est autre chose et c’est d’ailleurs une partie de mon métier. En effet, l’athlète pour qui le sport est son travail, ne peut pas se permettre de perdre du temps en adaptation, c’est là que j’interviens pour l’aider et le conseiller, car la performance en high-carb et la performance en lowcarb sont deux modes de fonctionnement très différents, il faut tout revoir.

Maintenant concernant le Motocross pour ma part, c’est encore plus simple. Je n’ai jamais connu un tel confort. Je prends mon petit déjeuner tôt le matin avant de partir, le temps de charger la moto et de me rendre sur le circuit, la digestion est faite, et je roule toute la journée sans avoir besoin de manger. Je n’avale que de l’eau et des électrolytes ! Aucune baisse d’énergie, aucune fringale, aucun problème de digestion. C’est juste parfait et un confort que j’aurais aimé avoir connu dans ma jeunesse !

Jean me pose deux questions. La première est quels examens et tests médicaux, je trouve utiles, ainsi que leur fréquence

Ulrich : Quand on est en parfaite santé, c’est-à-dire sans le moindre problème de poids, ou de pathologie, je vois peu l’intérêt de faire des examens ou des analyses. Quand on en fait, il faut précisément savoir ce que l’on recherche. Par exemple, on peut faire un DEXA Scan pour mesurer sa densité osseuse et voir sa composition corporelle (utile dans la durée quand on essaye de changer des choses). On peut faire un CAC Score pour constater si l’on a inversé la situation et son risque cardiovasculaire. On peut aussi mesurer sa vitamine D avec une analyse de sang pour savoir si ce que l’on fait est suffisant pour entrer dans la zone optimale (qu’il soit question de nourriture, complément ou d’exposition au soleil). Mais, une fois que cette zone optimale est obtenue et que l’on ne change rien dans ses habitudes, il n’y a plus réellement de raison de la mesurer régulièrement.

Ensuite, concernant les vitamines et minéraux c’est difficile de se prononcer de façon générale. Les analyses de sang ne montrent souvent rien, alors qu’une analyse d’urine sur 24 h apportera plus d’informations. Il y a quantité d’analyses faites à partir du sang, qui ne montreront jamais la moindre carence alimentaire puisque le sang n’est qu’un lieu de transit et que les stocks de ces micronutriments se trouvent dans les tissus.

Ajoutons à tout ça, la difficulté de trouver un médecin compétent pour demander et analyser ces données. Si c’est pour faire une mesure de profil lipidique et l’entendre bêtement dire « votre total de cholestérol est trop élevé » autant s’éviter l’analyse qui ne servira à rien.

À mon niveau, je ne me fais pas prescrire mes analyses quand je cherche quelque chose, je vais au laboratoire, je paye l’analyse et je suis en mesure d’interpréter les données. Mais, ça c’est mon travail de Biohacker, peu de personnes s’engageront dans ce long apprentissage vers l’autonomie malheureusement. En résumé, une analyse de sang de routine, ne montre bien souvent rien du tout. Il faut précisément savoir ce que l’on recherche pour effectuer la bonne analyse et savoir l’interpréter.

La seconde question de Jean concerne mes rapports avec les médecins sur des sujets comme la cétose, le cholestérol, les apports en sodium et les micronutriments

Ulrich : J’ai d’excellents rapports avec des médecins ou des chercheurs qui ont compris que c’était un métabolisme défaillant qui était au centre de l’immense majorité de nos maux de civilisation. J’ai un profond respect pour le Dr Laurent Schwartz ou le Dr Éléonore Djikeussi que je considère vraiment comme des amis. Nous pouvons être en désaccord sur un point précis tout en gardant un respect mutuel, ce qui nous donne la possibilité d’échanger et de discuter sur ces points précis. Mais, cette communication franche et respectueuse est désormais presque impossible avec le reste du corps médical. Un médecin fait de 9 à 12 ans d’études pour bien apprendre à prescrire des médicaments pour les laboratoires, il n’accepte bien entendu pas de se faire donner de leçons par un malade ou une personne comme moi. Un médecin apprend à lire une analyse de sang pour diagnostiquer un diabète de type 2, puis prescrire Metformine et insuline à vie, il n’apprend pas à formuler un régime cétogène pour ses patients. Fin de l’histoire, il n’y a aucun débat dans ce petit monde.

Pour l’anecdote, en France, vous avez eu un médecin qui a osé parler de sa gestion de diabète de type 1 en mode lowcarb, tout en publiant sous pseudonyme pour ne pas avoir d’ennuis avec ses confrères. C’est ça la réalité. Il n’y a donc aucun débat possible face à des dogmes devenus de véritables religions entre les médecins et les laboratoires pharmaceutiques.

Consultez la science, elle vous enseignera qu’il faut quelques mois pour inverser un diabète de type 2, ensuite consultez un médecin et dites-moi combien vous ont dit que vous pouviez l’inverser en quelques mois seulement ?

C’est pour combler ce manque de connaissances, que beaucoup de professionnels de la santé, des médecins, des chercheurs mais aussi des naturopathes, m’ont demandé de leurs proposer des consultations, pour les aider sur des problèmes spécifiques au régime cétogène. J’interviens pour aider à interpréter des analyses, pour trouver des solutions et répondre à leurs questions dans le suivi d’un régime cétogène. Car les réponses à trouver n’ont souvent rien de commun avec celles connues lors du suivi d’un régime riche en glucides. Je suis devenu une sorte de « support » pour eux, celui vers qui on se tourne quand on ne trouve pas de solution au problème.

William souhaiterait savoir comment j’ai fait pour stabiliser mon poids après mes 33 kg perdus, car il peine beaucoup pour ne plus perdre

Ulrich : Stabiliser son poids est plutôt un problème très simple. Comme expliqué dans la Céto-Academy, nous absorbons de l’énergie et nous en utilisons. Il suffit de chercher l’équilibre, le tout en prenant en compte notre satiété au milieu. Si nous consommons énormément d’aliments peu denses en énergie, alors il est difficile d’en apporter assez (typiquement un gros volume de chou-fleur). De l’autre côté de l’équilibre, si nous apportons trop d’aliments très denses en énergie, il est facile d’en apporter trop. Cela étant l’aspect énergétique du problème.

Mais il ne faut pas négliger la masse musculaire (masse maigre), qui devrait être une priorité pour chacun. Le poids ne veut finalement pas dire grand-chose. On peut peser 70 kg et être très gras, ou au contraire 70 kg tout en muscle avec une très faible masse grasse. Selon moi, quand on est mince, stabiliser son poids est un objectif intermédiaire, auquel pourrait succéder un second objectif qui est celui de la prise de muscle, avec un autre arbitrage des macronutriments orienté vers la construction musculaire. En conclusion, stabiliser son poids en régime cétogène après avoir atteint son objectif de perte de poids, se fait grâce à un nouvel arbitrage de ses macronutriments.

Enfin Nicole me demande quels sont mes projets pour l’avenir, après ces 10 années de régime cétogène et bientôt 8 années dédiés à EatFat2BeFit

Ulrich : Dix années sur un sujet, c’est une belle tranche de vie. Je ne compte plus les études passées en revues, les livres lus, les vidéos de conférences décortiquées pour finalement obtenir la masse de connaissance que je possède aujourd’hui. Je suis vraiment heureux de ce cheminement et ce travail, qui m’ont permis avec Nelly de publier 2 livres importants, la Céto-Academy, tous les articles sur le site et d’avoir pu aider directement ou indirectement des milliers de personnes et permis aussi que l’on parle de façon favorable du régime cétogène dans les médias.

J’ai consacré ces dernières années à l’apprentissage sur tous les aspects et toutes les applications du régime cétogène. Ainsi, je pense en avoir fait le tour et la vidéo de 2 h où je présente les applications du régime cétogène en est la synthèse. Je maitrise totalement ce sujet, j’ai plus de 4 000 études en PDF directement liées au régime cétogène sur les 8 000 que je possède, (c’est-à-dire presque toutes) et ma veille scientifique hebdomadaire me permet de consulter les 10 à 20 nouveaux papiers qui sortent chaque semaine. Je me suis donc intéressé à tous les sujets qui y sont connectés, et là c’est bien plus vaste. Une vie n’y suffirait pas.

Les micronutriments me passionnent et je m’intéresse à comment les intégrer dans les aliments, à savoir grâce aux méthodes d’élevage ou agricoles. C’est un sujet passionnant. Par ailleurs, vous n’imaginez pas ce que l’on peut mettre dans un champignon dont on contrôle l’environnement par exemple. Je viens du monde agricole dans lequel j’ai travaillé des années, puis 12 ans dans l’expertise agroalimentaire. Retourner aux sources, c’est-à-dire à la production de sa nourriture est pour moi une évidence dans un monde où la richesse en micronutriments de nos aliments, ne fait que s’effondrer depuis 80 ans…

Je m’intéresse aussi à de nombreuses techniques de Biohacking les plus récentes dont je fais profiter mes clients sportifs. Aux États-Unis j’ai accès à tout le matériel que je souhaite, comme un caisson hyperbare, du matériel de LLLT ou de shockwave therapy, c’est passionnant.   Enfin, à titre personnel, j’aime bien aussi emprunter la cuisine de Nelly, pour essayer quelques nouveaux ingrédients ou quelques techniques de fermentation permettant de rendre « compatible » avec la cétose nutritionnelle, un aliment qui ne l’était pas forcément sans fermentation. J’ai fait quelques miracles sur le sujet, dont je ne suis pas peu fier. Malgré nos 10 années en régime cétogène, le mode de vie Keto est pour nous un immense terrain de jeu où l’on ne cesse d’expérimenter.

Conclusion

Pour terminer cet entretien, j’ai laissé la possibilité en septembre 2022 aux médecins, aux scientifiques, naturopathes qui nous suivent, de me proposer des analyses ou des examens à faire pour que ce témoignage de 10 années en cétose soit le plus complet possible. Je m’attendais à des demandes de DEXA Scan, CAC Score et autres analyses sanguines ou d’urine, ainsi que de composition du microbiote intestinal, mais aussi surprenant que ça puisse l’être, je n’ai reçu absolument aucune demande.  J’ai donc pu mesurer le peu d’intérêt pour le sujet et je n’ai donc entrepris aucune analyse spécifique pour illustrer ce témoignage. Ceci est probablement révélateur du pauvre intérêt scientifique pour le régime cétogène en zone francophone.

Ces 10 années en régime cétogène ont pour moi été un véritable tournant dans ma vie. Bien entendu, il y a eu la fondation d’EatFat2BeFit, la rédaction de nos livres avec Nelly, de nombreuses rencontres. Au-delà de ça, à titre personnel, il est évident que je suis très reconnaissant à la vie d’avoir mis le régime cétogène sur ma route. J’ai eu une vie avant 2013 riche en glucides et une vie après pauvre en glucides. Les bienfaits que j’ai pu récolter, n’ont pas de prix et à aucun moment, je n’ai regretté ma vie d’avant très riche en glucides. Je souhaite à tout le monde de pouvoir un jour bénéficier de ça, même si j’ai bien à l’esprit que la prise de conscience collective, malgré les preuves scientifiques évidentes, n’est pas pour demain… Collectivement, il ne se passera rien. Mais, individuellement, nous pouvons tout faire !

De tout ça, de toutes ces connaissances, de cette expérience, je ne garde qu’un seul regret : celui de ne pas avoir croisé le régime cétogène plus tôt dans ma vie. Ma mère Liliane est décédée d’un Glioblastome fin 2010 et à la lumière de ce que je sais aujourd’hui, je suis convaincu que son cancer n’aurait pas gagné si j’avais été en mesure de mettre en place un régime cétogène bien formulé dès le début de sa maladie… C’est aussi pour ça, pour que d’autres puissent avoir cette chance, que nous avons mis en ligne EatFat2BeFit en 2015.

Je vous souhaite une longue vie en santé grâce au régime cétogène et je vous donne rendez-vous en 2038 pour mon prochain témoignage : « 25 ans en régime cétogène, la nouvelle fontaine de Jouvence ! », j’aurai 60 ans !